
Qu’est-ce que la compétence en matière d’information ? Ou plutôt, que recouvre le terme « information » ? Dans la recherche traditionnelle sur le journalisme, le concept d’« information » est souvent défini à l’aide de critères qui sous-tendent le journalisme professionnel. Les études dans le domaine de la recherche qualitative sur le public montrent que la compréhension du terme évolue du point de vue des utilisateurs des médias, en particulier dans le contexte des médias sociaux. Il n’est pas toujours très clair quels contenus appartiennent au domaine de l’« information ». Dans cet environnement, les informations sur les événements mondiaux sont de plus en plus fragmentées et se distinguent de moins en moins des autres formes de communication. Les sphères privées et publiques se confondent dans l’espace numérique, les contenus marketing côtoient potentiellement la propagande et la désinformation, et les contenus peuvent être créés et diffusés par des acteurs très divers.
Dans cet environnement médiatique complexe, le concept de compétence en matière d’information (news literacy) devient de plus en plus important. Tully et ses collègues (2022) associent la compétence en matière d’information aux connaissances et aux capacités qui permettent aux gens de comprendre le processus complexe de production, de diffusion et de consommation de l’information. Il s’agit de comprendre les différents processus sociaux, juridiques et économiques qui sous-tendent la production de «news» et de connaître les critères de qualité d’une information journalistique.
Cinq domaines de connaissances et de compétences
Dans un diagramme en 5C, Tully et ses collègues identifient cinq domaines de connaissances et de compétences essentiels pour décrire la compétence en matière d’information :
- Le contexte : il s’agit de connaître le cadre social, juridique et économique de la production d’informations. Cela inclut, par exemple, la connaissance des modèles commerciaux des éditeurs ou la capacité à faire la différence entre les médias financés par des fonds publics et ceux financés par des fonds privés.
- Création : ce domaine traite de la compréhension du processus de production de l’information. Il s’agit par exemple des compétences dans le domaine de la conceptualisation du reportage, de la connaissance des normes de qualité journalistique, ainsi que des connaissances dans le domaine des processus de travail journalistiques et des lignes directrices.
- Contenu : ce domaine décrit, entre autres, la capacité à reconnaître les caractéristiques qualitatives du contenu d’une information et à la distinguer d’autres contenus médiatiques tels que la publicité ou les commentaires.
- Diffusion des informations : ce domaine comprend par exemple la connaissance des modes de diffusion des informations et des acteurs, y compris les algorithmes des réseaux sociaux, qui influencent ce processus.
- Consommation des informations : il s’agit ici de faire comprendre aux individus que des facteurs individuels tels que la motivation, la vision du monde ou les valeurs influencent la perception et l’évaluation de leur propre utilisation des informations.
Ces domaines de compétences et de connaissances décrivent différents aspects qui sont importants pour s’orienter dans l’environnement numérique de l’information. Tully et ses collègues (2022) soulignent que les compétences requises s’adaptent constamment à l’évolution des médias. Ainsi, d’autres compétences gagnent en importance lorsque de nouveaux acteurs tels que les modèles d’IA sont impliqués dans la diffusion des informations.
Compétence médiatique et performance médiatique
La compétence médiatique et la performance médiatique sont étroitement liées. De nombreuses études montrent que l’acquisition de la compétence médiatique ne se fait pas seulement par l’éducation formelle, mais aussi par l’utilisation pratique des médias et la réflexion sur ses propres expériences médiatiques (Trültzsch-Wijnen, 2021).
Dans ce contexte, des facteurs individuels tels que la motivation, l’intérêt et la mémoire jouent également un rôle. Ils influencent le transfert des compétences médiatiques vers la performance médiatique. Inversement, les compétences médiatiques sont développées par l’interaction directe avec les médias. Cela signifie également qu’il est tout à fait possible d’être théoriquement compétent dans l’utilisation des médias et des informations, tout en manquant de motivation pratique pour traiter, par exemple, des informations et d’autres contenus journalistiques.
Il faut donc toujours garder cela à l’esprit lorsqu’on enseigne les compétences médiatiques et journalistiques : il est essentiel de susciter l’intérêt et la motivation, en s’adaptant à la réalité de la vie des élèves, mais aussi des gens en général.